Épreuve

“Ce n’est pas la critique qui est digne d’estime, ni celui qui montre comment l’homme fort a trébuché ou comment l’homme d’action aurait pu mieux faire. Tout le mérite appartient à celui qui descend vraiment dans l’arène, dont le visage est couvert de sueur, de poussière et de sang, qui se bat vaillamment, qui se trompe, qui échoue encore et encore – car il n’y a pas d’effort sans erreur et échec -, mais qui fait son maximum pour progresser, qui est très enthousiaste, qui se consacre à une noble cause, qui au mieux connaîtra in fine le triomphe d’une grande réalisation et qui, s’il échoue après avoir tout osé, saura que sa place n’a jamais été parmi les âmes froides et timorées qui ne connaissent ni la victoire ni l’échec.”

Théodore Roosevelt

A quelques jseizaours de me présenter devant la commission fédérale des grades pour le 4è dan, cette réflexion me revient et traduit si bien mon état d’esprit face à ce que je peux appeler une épreuve. Épreuve car un tel examen n’est pas chose évidente pour moi, à 54 ans. Les décennies de pratique ont inscrit de multiples micro contusions dans les articulations (voir l’article aiki-bobo), source de douleurs et autres tendinites qui m’ont interpellé quant à l’opportunité de passer ou non ce genre d’examen.

Le besoin de reconnaissance satisfait par ce quatrième dan entre en concurrence avec l’écologie personnelle.

Comment être cohérent avec soi-même dans la démarche aiki, comment parler d’harmonie corps-esprit quand on feint d’ignorer la contrainte physique à imposer au corps pour cet examen?

J’ai répondu à cette question en faisant de ce test un cheminement personnel. Le 10 mai est devenu un objectif en soi. Celui d’une remise en condition corporelle par des pratiques physiques douce (pilates, stretching, yoga, hypopression, natation,..) et un accompagnement kiné et osthéo adapté.

Alors que d’autres auraient plutôt fait plus de la même chose c’est-à-dire plus d’aikido, je n’ai eu de choix en écoutant ce que mon corps me « disait » que de faire moins de pratique aiki pour revenir dans un meilleur équilibre corps-esprit. Le résultat est déjà significatif: les multiples douleurs articulaires semblent avoir été entendues, les pratiques physiques douces m’ont rendu un bien-être dans le mouvement que je ne croyais plus possible. Reste l’aspect technique aïki proprement dit pour lequel j’ai la faiblesse de croire que c’est mon niveau actuel que je veux présenter sachant que je n’ai jamais prétendu à jouer dans la cours des grands techniciens mais bien de développer une pratique qui tente de traduire les principes de l’aïki dans le mouvement, avec ce que cela entraîne en termes de remise en question au quotidien.

Naturellement, la pratique aiki au ralenti ne correspond pas à la préparation intensive que l’on serait en droit de prévoir pour ce genre d’examen. J’en suis totalement conscient mais même en pensant à cela, j’ai l’esprit en paix. Le défi majeur pour moi consistait à décider de m’inscrire à cet examen et de m’y préparer pour qu’au soir du 10 mai, je puisse dire: là maintenant, je me sens mieux qu’il y a 6 mois. Que cela soit sanctionné par un grade supérieur est une autre question dont l’issue ne dépend pas que de moi. C’est avant tout une question de regard sur moi. Les examinateurs observeront avec leur subjectivité, avec leur expérience et le résultat sera la rencontre de ma prestation, fruit d’une certaine pratique, et de leur manière de la percevoir. Si bien sûr réussir me ferait plaisir, j’accorde infiniment plus d’importance dans le respect de mes valeurs qui m’a guidé dans ma préparation et dans le fait d’oser, c’est-à-dire de goûter à la vulnérabilité à laquelle je m’exposerai lorsque je foulerai le tatami face aux membres de la commission des grades, samedi prochain.

 

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